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Bien-être du cheval : le milieu équestre européen face à une révolution culturelle

Bien-être du cheval en Europe : vers la création d’un référentiel européen harmonisé ?

L’École nationale d’équitation (ENE) de Saumur a accueilli un atelier européen rassemblant une cinquantaine d’experts de l’éducation du cheval. Objectif : réfléchir à la place du bien-être animal dans la formation des professionnels. Une étude publiée par le réseau Agris revient sur les conclusions de cette rencontre et propose une piste ambitieuse : bâtir un socle commun de formation centré sur l’éthique et la science.

 

Des écarts importants entre les pays

L’un des constats les plus frappants de l’atelier concerne les disparités entre les pays.

En France, où l’enseignement de l’équitation est fortement institutionnalisé via l’Institut français du cheval et de l’équitation et l’ENE de Saumur, la prise en compte du bien-être équin progresse mais reste variable selon les enseignants et les disciplines. La tradition sportive, et l’importance accordée aux performances, demeure parfois un frein à une intégration systématique de la notion de bien-être.

En Allemagne, la situation est plus contrastée. La culture de la protection du cheval (pferdeschutz) est ancienne et s’accompagne de normes relativement strictes dans les cursus fédéraux. Mais cette exigence se heurte aussi à une équitation de haut niveau exigeante, où la compétition peut parfois entrer en tension avec les impératifs de bien-être.

Dans les pays nordiques, la donne est différente : la Suède, la Norvège et le Danemark mettent l’accent sur l’éthologie, l’apprentissage positif et le lien entre bien-être animal, humain et environnement (approche “One Welfare”). Le bien-être est au centre de l’éducation équestre, ce qui en fait des modèles en Europe.

À l’inverse, dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, la dimension bien-être est encore marginale. Les formations restent très orientées vers la performance sportive et la préparation physique, au détriment des dimensions comportementales ou émotionnelles du cheval.

 

Des inégalités selon les disciplines

Au-delà des frontières nationales, les disciplines équestres présentent également des écarts.

En dressage de haut niveau, où la précision des mouvements et l’esthétique priment, la question du bien-être est particulièrement scrutée. Certaines méthodes d’entraînement, comme les postures contraignantes (hyperflexion), sont très critiquées et alimentent un débat international.

À l’inverse, les pratiques de loisir et d’équitation éthologique intègrent depuis longtemps une approche plus respectueuse du cheval, centrée sur la communication, l’observation et la relation homme-animal. Mais ces approches restent encore marginales dans la formation institutionnelle.

En endurance ou en saut d’obstacles, la santé physique du cheval (tendons, système respiratoire, récupération) est mieux surveillée grâce aux contrôles vétérinaires, mais la gestion du stress, de la fatigue ou des conditions d’entraînement varie considérablement selon les pays et les encadrants.

Enfin, dans les activités de spectacle ou de tradition culturelle (corrida portugaise, courses locales), les enjeux du bien-être animal se heurtent à des résistances culturelles fortes, où la pratique est défendue comme un patrimoine plus que comme un sport.

 

Vers un socle commun européen

Face à cette mosaïque, l’atelier de Saumur appelle à la création d’un référentiel européen harmonisé qui permettrait de combler ces écarts. Ce socle devrait intégrer des bases scientifiques solides, évaluer les compétences des professionnels non seulement techniques mais aussi d’un point de vue éthique, et valoriser les expériences pionnières menées en Scandinavie ou en Allemagne. Car au-delà de la diversité des pratiques, une évidence s’impose : l’avenir de l’équitation en Europe dépend de la capacité de cette pratique sportive à conjuguer performance, tradition et respect du cheval.

 

 

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