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Abris pour chevaux : bilan d’un an d’observations sur leur véritable usage

les chevaux utilisent spontanément un abri, peu de temps mais à des moments clés, davantage en été et en milieu de journée, pour se protéger de la chaleur et des insectes ou se reposer

Quand on leur laisse le choix, combien de temps les chevaux passent-ils réellement à l’abri ? Une étude publiée cette année dans Applied Animal Behaviour Science apporte des réponses chiffrées qui bousculent quelques “évidences” de terrain et orientent très concrètement la conception des abris et la gestion saisonnière des pâtures.

 

Un comportement plus “estival” qu’on ne le croit

En filmant en vision nocturne 53 chevaux sur 20 sites en France et en Belgique pendant une année, les chercheurs ont quantifié, mois après mois, leur présence dans l’abri et leur activité à l’intérieur. Verdict : les chevaux passent en moyenne trois heures par jour sous l’abri lorsqu’il est en accès libre dans le pré, et ces trois heures ne sont pas continues. Surtout, ils y vont deux fois plus en été qu’en hiver, ce qui va à l’encontre de l’idée reçue selon laquelle ils ont davantage besoin d’un refuge fermé durant la saison froide. En hiver, les passages dans l’abri se concentrent la nuit pour manger et se coucher, tandis qu’en été ils ont plutôt lieu en début d’après-midi pour se reposer debout.

 

Ce que change la conception de l’abri

L’usage n’est pas uniforme : il augmente avec la surface disponible par cheval et lorsque l’abri comporte une unique ouverture, alors qu’un abri entièrement ouvert est moins fréquenté. Une litière de paille accroît aussi son attractivité. À l’inverse, couvertures d’hiver ou masques antimouches ne réduisent pas le temps passé à l’abri : ces équipements ne se substituent pas à une structure protectrice. En d’autres termes, le design et l’ergonomie de l’abri comptent au moins autant que la météo du jour.

 

Une variabilité individuelle forte, sans effet de l’âge ou du sexe

Au-delà des tendances, l’étude souligne des profils spécifiques : certains chevaux fréquentent davantage l’abri que d’autres, sans que l’âge, le sexe ou la race ne l’expliquent de façon significative à l’échelle de l’échantillon. En pratique, il convient donc de laisser à chaque cheval la liberté d’entrer et de sortir de l’abri 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour respecter les besoins individuels.

 

Convergences avec la littérature

Ces résultats sont cohérents avec plusieurs travaux récents ou plus anciens : l’été en région tempérée, les chevaux utilisent davantage les abris, au-delà d’un certain seuil de chaleur ou d’ensoleillement, et privilégient les structures qui les protègent efficacement des insectes. En hiver dans les zones froides, les précipitations et le vent accroissent la recherche d’abri, avec une préférence nette pour des boxes couverts, voire chauffés. Des études sur la présence d’ombre sur une pâture montrent par ailleurs des bénéfices physiologiques (température rectale/peau, fréquence respiratoire) quand une zone ombragée est librement accessible.

Enfin, l’espace de couchage disponible module la fréquence et la durée de la fréquentation de l’abri, d’où l’importance des dimensions de l’aire de repos.

 

Implications pratiques pour la filière équine

Pour les détenteurs et les gestionnaires d’écuries, trois conséquences ressortent. D’abord, penser à l’été au moins autant qu’à l’hiver : prévoir ombrage, ventilation et protection anti-insectes, car c’est à la saison chaude que l’abri est le plus fréquenté.

Ensuite, bien dimensionner : viser une surface généreuse par cheval, une configuration plutôt close (sans multiplier les ouvertures) et pailler le sol pour encourager le repos couché.

Enfin, laisser le choix : l’accès permanent à un abri bien conçu permet aux chevaux d’ajuster leur thermorégulation et leur confort sans contrainte, car les équipements portés (couvertures et masques) ne compensent pas l’absence d’une structure protectrice.

Ces recommandations complètent les guides de bien-être équin existants en rappelant le rôle central de la liberté de mouvement et du contrôle de l’environnement par l’animal.

 

Limites et prochaines étapes

L’étude a été menée sous un climat tempéré et repose sur des suivis vidéo de 72 heures par mois : on obtient une périodicité sur l’année, mais des micro-épisodes extrêmes ont pu passer inaperçus. Des travaux menés sous climat chaud en Australie confirment néanmoins la valeur de l’ombre au quotidien, y compris hors canicule, et invitent à mieux quantifier les seuils de chaleur qui influent sur l’usage d’un abri, ainsi que l’interaction avec la quantité d’insectes. Des analyses fines des flux d’air, de l’orientation et de la luminosité pourraient aussi contribuer à optimiser l’ergonomie des abris.

 

Ainsi, les chevaux utilisent spontanément un abri, peu de temps mais à des moments clés, davantage en été et en milieu de journée, pour se protéger de la chaleur et des insectes ou se reposer. Si sa fréquentation augmente avec la surface disponible, une structure relativement fermée et une litière de paille, on constate que couvertures, masques et bonnets ne remplacent pas un abri.

 

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