Celui-ci nous «arrive» aux oreilles à peu près en même temps que la précédente affaire : des trotteurs se reproduisent en liberté sur plus de 50 hectares, le troupeau originel est passé de 30 à 80 en quelques années. Leur propriétaire, une femme âgée n’entend pas les identifier, les vacciner, les assurer… Elle les veut heureux « en liberté ».
La DDPP du département est ennuyée pour deux raisons : les chevaux ne peuvent pas être saisis car ils sont majoritairement en bon état et sont réputés «sauvages» donc difficilement capturables.
Toutes les associations sont appelées pour essayer de trouver une solution à cette situation qui va devenir un jour ou l’autre ingérable à cause du nombre exponentiel d’animaux et de l’âge de leur propriétaire. Plusieurs renoncent d’autant plus qu’un autre troupeau d’une bonne vingtaine appartenant à la même personne pose des soucis dans le Vexin.
Au mois de Février, après des mois de tractations et de déceptions, sept chevaux sont placés auprès de la Fondation Brigitte Bardot et seize sont récupérés par les soins de la Ligue et de l’OABA.
En Bretagne, au printemps, les choses se compliquent. La propriétaire est contrainte de vendre une partie de ses terres pour pouvoir continuer à assumer financièrement ses achats de foin l’hiver. On lui vole des chevaux qui, à la suite de courses poursuites des voleurs pour les capturer, s’échappent du domaine.
Les ennuis s’aggravent quand la divagation de quelques chevaux provoque deux accidents matériels sur la départementale. Quelques chevaux en divagation lui sont « confisqués ».La sous-préfecture, au nom de la sécurité publique, essaie de trouver une solution conjointement avec les associations : deux réunions en ses locaux regroupent les services de l’Etat concernés et les associations de protection animale.
Une menace permanente plane sur ces animaux : s’ils sont retrouvés sur la voie publique, ils seront euthanasiés.
En septembre, la presse se croit obligée de rédiger quelques articles qui laissent à croire que la propriétaire « donnerait » ses 50 chevaux. Aussitôt, un défilé de camions et de vans commence autour du site donnant aux gendarmes bien du travail pour évincer plus ou moins aimablement particuliers naïfs, maquignons et chevillards flairant les euros tombant du ciel. Des individus essaieront aussi de venir « se servir » la nuit !
En même temps la SPA surtout, mais aussi la mairie, la sous-préfecture sont submergées d’appels et de mails d’adoptants potentiels. Heureusement dans cette dangereuse pagaille, un petit groupe de personnes et surtout une petite association locale se font connaître de la propriétaire pour l’aider à clôturer ses parcelles proches de la route pour éviter toute divagation.
En apprenant ces événements, nous reprenons contact avec la propriétaire qui se voit contrainte peu à peu d’admettre qu’il faudra se séparer de ses chevaux car elle ne peut plus les assumer et la pression monte autour d’elle entretenue par ses voisins, la mairie, la DDPP, la SPA …
Nous prenons en charge, lors d’une troisième réunion avec la sous-préfète, le tri et le choix d’adoptants sérieux parmi les listes établies par la SPA de Quimper et la mairie à la suite de la parution des articles de presse.
Enfin, après des mois, la propriétaire accepte de nous signer des certificats de cession pour que ses chevaux partent entre les mains de l’association locale et de la Ligue contre la promesse que ses chevaux soient majoritairement placés chez des particuliers et sous contrat. Sur le site, des bénévoles de l’association font des merveilles par des visites quasi journalières et un travail de socialisation qui porte ses fruits puisqu’une jument est identifiée, un poulain embarqué et une douzaine de chevaux à ce jour sont transportables et doivent être déplacés avant la fin du mois. La DDPP et la gendarmerie sont présentes sur les lieux lors des chargements.
Il faut noter que la Fondation Brigitte Bardot a accepté d’apporter une aide considérable : elle finance le foin distribué aux chevaux depuis octobre et le matériel de clôture pour sécuriser la situation.
Voilà une affaire qui prend une bonne tournure après des années de statu quo et de blocages et un échec de transport « en troupeau ». Les délais sont difficilement fixables car il faudra encore du temps pour pouvoir embarquer les chevaux et les acheminer vers leurs adoptants en respectant pour chacun une période de réadaptation à l’homme.
Nous croisons les doigts pour que ces animaux connaissent une nouvelle destinée digne de nos convictions et que le village retrouve en même temps que la propriétaire des lieux et des chevaux, la sérénité.