Une étude française révèle que les conditions d’éclairage à l’intérieur d’une remorque contribuent à réduire le stress chez le cheval réticent à y entrer, notamment pendant son chargement ou lorsque le véhicule est à l’arrêt.
Le chargement dans un van tracté d’un cheval, surtout inexpérimenté, est un moment de stress pour l’animal et de danger pour le manipulateur. Une nouvelle étude montre qu’un éclairage à base de LED, suffisamment lumineux, a un impact positif sur la phase de chargement ainsi qu’en mode “stationnaire” quand la remorque est à l’arrêt.
Plusieurs éclairages à LED ont été testés sur une vingtaine de jeunes trotteurs français avec peu d’expérience du transport, qui ont été chargés trois fois dans la remorque selon un protocole standardisé et sont restés dans le van stationnaire pendant deux minutes avec l’expérimentateur. Le stress a été mesuré via la fréquence cardiaque.
Ainsi, il est apparu que les chevaux chargés dans la remorque dont le niveau d’éclairement était élevé (> 4 500 lux) prenaient beaucoup moins de temps pour s’approcher du véhicule et exprimaient significativement moins de comportements de stress que ceux chargés lorsque l’éclairage était faible ou modéré (< 3 000 lux). En outre, la température de la lumière (chaude ou froide) pendant la phase stationnaire a eu une influence positive sur la récupération de la fréquence cardiaque du cheval lors de son retour à l’écurie.
Enfin, il faut souligner l’importance d’autres facteurs externes spécifiques, comme la météo, qui peuvent aussi avoir un effet positif, neutre ou négatif sur la physiologie et le comportement du cheval. L’éclairage à LED peut alors être utilisé pour adapter les paramètres d’éclairage selon les conditions environnementales et naturelles pendant les phases de chargement et d’arrêt.
Vers une amélioration du bien-être des chevaux pendant le transport
En septembre 2022, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a publié des recommandations pour soutenir la Commission européenne dans son processus de révision de la législation sur le bien-être animal dans l’Union… Révision qu’elle a depuis classée sans suite !
Son travail a consisté à répertorier les risques possibles pour les équidés au cours des différentes étapes du transport.
En moyenne, 170 000 chevaux sont transportés chaque année entre les États membres européens, tous moyens de transport confondus. Entre 2019 et 2021, le transport routier a représenté 85 % du transport total de chevaux au cours de cette période.
Le groupe d’experts a identifié 13 points négatifs pour le bien-être des chevaux pendant le transport, selon leur gravité, leur durée et leur fréquence. Ces répercussions incluent notamment le stress lié aux manipulations et au confinement, le stress thermique, les blessures, la surstimulation sensorielle, le stress lié au mouvement du véhicule, les troubles gastro-intestinaux ou respiratoires, la restriction des mouvements.
D’autres conséquences sur le bien-être ont été identifiées, en lien avec des facteurs comme des manipulateurs inexpérimentés ou non formés, l’inexpérience des chevaux, leur tempérament ou leur race, l’usage ou non de sédatifs, les déficiences structurelles des véhicules et des installations, les mauvaises compétences et conditions de conduite, la séparation des autres chevaux ou à l’inverse le regroupement avec des chevaux inconnus, les conditions microclimatiques et environnementales défavorables, les mauvaises pratiques de transport et d’élevage.
Plusieurs recommandations ont été émises comme :
- la nécessité de définir ce que l’on entend par “aptitude au transport” ;
- une formation adaptée des personnes impliquées dans le transport des chevaux ;
- une température maximale de 25 °C à l’intérieur des véhicules transportant des chevaux ;
- des stalles individuelles plus larges d’au moins 40 cm par rapport au point le plus large du cheval transporté, et plus longues d’au moins 40 cm que la longueur du corps du cheval (mesurée de la queue au nez avec l’encolure parallèle au sol ) ;
- les chevaux doivent être capables de baisser la tête en dessous de la hauteur du garrot pour dégager leurs voies respiratoires. Ils ne doivent donc pas être attachés en croix ou trop court, avec moins de 60 cm de corde libre ;
- les chevaux non manipulés doivent être transportés en petits groupes composés d’animaux compatibles et libres de se déplacer avec une densité inférieure à 200 kg par mètre carré ;
- pendant le transport, les chevaux doivent recevoir de la nourriture et de l’eau à volonté, ou au moins à intervalles réguliers ne dépassant pas 4 heures, durant une période de 30 minutes pendant que le véhicule est à l’arrêt ;
- les durées de voyage doivent être réduites au minimum, et la durée maximale du trajet doit prendre en considération le stress et la peur subis par les animaux de manière continue ou presque ;
- pendant le transport, les chevaux auront soif après 3 heures s’ils ne sont pas abreuvés, et auront faim après 12 heures s’ils ne sont pas nourris. Des troubles respiratoires peuvent être observés après des voyages de 10 à 14 heures, et des troubles gastro-intestinaux peuvent survenir après 12 heures de trajet chez les chevaux non nourris.
Malgré tout cela, la Commission européenne est loin d’inscrire à l’ordre du jour une révision de la législation de 2005 et de prendre en compte les avancées scientifiques de ces 20 dernières années…
Trois autres études importantes ont été publiées ces trois dernières années
- En 2020, une étude suggérait que la position dos à la route et avec des cloisons plus larges pouvait réduire l’impact du transport sur la santé et le bien-être des chevaux, et préconisait la mise en œuvre d’une surveillance du comportement pendant le transport et de mesures physiologiques à la fin du voyage (fréquence cardiaque et température rectale). Les paramètres comportementaux et physiologiques se sont révélés plus sensibles que les analyses hématologiques, biochimiques ou endocriniennes pour identifier les chevaux souffrant de stress lors du transport.
- En 2021, une étude montrait le lien entre le stress du transport chez le cheval âgé et l’altération de la fonction immunitaire dès 15 minutes de trajet. La réponse immunitaire n’est revenue à la normale qu’au cours des 24 heures suivant le transport à court terme, laissant les chevaux exposés au risque de maladie durant cette période.
- Cet été, une autre étude a montré l’intérêt de nourrir les chevaux juste avant le transport pour réduire le stress oxydatif et la survenue du syndrome d’ulcération gastrique équin. Il apparaît ainsi que donner du foin avant de charger son cheval peut aider à prévenir le développement d’ulcères gastriques lors d’un long voyage.