
Une étude récente parue dans Animal Behavior confirme que les chevaux hébergés dans un box souffrent bel et bien de ce confinement. On s’en doutait, mais le montrer scientifiquement, c’est mieux !
Le cheval est avant tout un animal grégaire et les études menées pour mieux comprendre ses interactions sociales et ses besoins physiologiques et comportementaux ne manquent pas. Le box est considéré comme un “outil” précieux pour tout détenteur d’équidé. Il permet de mettre l’animal à l’abri, de faciliter les soins et de le préparer au travail. Il est aussi un moyen de réduire les risques inhérents au pâturage, d’autant plus pour les chevaux de sport ou de course. Mais à quel prix ? Ces chevaux sont globalement confinés dans un box de trois mètres sur quatre pendant 21 à 23 heures par jour. Parfois, ils n’ont même pas la visite de leur cavalier de toute la journée…
Cette étude met en évidence l’importance des contacts sociaux pour le bien-être émotionnel des chevaux. Ceux qui sont mis en contact avec leurs congénères développent moins de stéréotypies lorsqu’ils sont logés individuellement, ils adoptent moins de comportements négatifs envers les humains et sont moins sur le qui-vive lors du pansage ou des soins. Les contacts sociaux influencent ainsi positivement leur bien-être.
L’étude inclut 20 chevaux adultes logés en box individuels. Pendant quatre mois, quelques-uns ont eu droit à des interactions quotidiennes avec des congénères. Les résultats montrent que les chevaux qui ont des contacts sociaux perçoivent leur environnement de manière plus positive et présentent moins de comportements indésirables. En somme, les interactions sociales régulières, même temporaires, ont un impact significatif sur le bien-être équin.
Le bien-être des chevaux dans le domaine équestre, une préoccupation croissante
Cette étude ne manque pas de faire le lien avec la thèse de Romane Phelipon qui se focalise sur le bien-être des chevaux de compétition de haut niveau. Son approche est diamétralement opposée à ce qui se pratique d’ordinaire en matière d’évaluation de l’état mental et physique chez l’animal : les indicateurs de bien-être existants se concentrent principalement sur le mal-être et l’inconfort, et sont rarement appliqués aux chevaux de haut niveau.
Le protocole “Cheval bien-être”, issu du programme européen AWIN Horse, inclut des indicateurs centrés sur l’animal (comme l’apathie, l’anxiété, les stéréotypies) et des indicateurs environnementaux (type d’hébergement, d’alimentation, possibilité de contacts sociaux, etc.). Car les conditions de vie des chevaux ont un impact significatif sur leur bien-être. Par exemple, un hébergement qui limite les déplacements contribue à réduire la densité osseuse et à augmenter les comportements stéréotypés. Les travaux montrent également une interdépendance entre le mal-être du cheval dans son milieu de vie et son comportement au travail. En particulier, les conditions d’hébergement sont des facteurs essentiels à prendre en compte. L’impact apparaît majeur sur la performance du cheval comme sur ses relations avec l’humain. Cependant, les indicateurs de confort ou de bien-être positifs sont encore peu développés et la recherche sur le bien-être des chevaux montés à haut niveau reste très limitée.
Dans sa thèse, Romane Phelipon a cherché à caractériser ce qu’est un “happy athlete” selon les acteurs du domaine équestre et comment déterminer si le comportement du cheval en compétition reflète son bien-être global, en croisant les indicateurs mesurés sur le cheval en compétition avec ceux mesurés lors de l’entraînement et dans le milieu de vie. L’objectif est de créer un consensus sur les indicateurs de bien-être pour les chevaux de haut niveau et de développer de nouveaux outils pour évaluer leur bien-être à la fois sur la piste, à l’exercice et dans leur environnement quotidien.
La dernière étude, publiée fin janvier, rappelle également l’importance de se pencher une fois pour toutes sur l’accès quotidien des équidés à des pâtures afin de favoriser les interactions entre les animaux, quitte à repenser complètement les infrastructures équestres !
Pour rappel, selon l’article R.214-18 du Code rural, les équidés ne peuvent être gardés en plein air s’ils n’ont pas d’abri leur permettant de se protéger des variations climatiques. En outre, les box doivent être conçus pour assurer la sécurité et le confort des équidés (avec adaptation à la race, la taille, etc.). À bon entendeur…
Pour aller plus loin :
voir cet article datant de 2020 :