Une nouvelle étude montre l’intérêt de recourir à la stimulation olfactive pour enrichir l’environnement des chevaux domestiques, afin d’améliorer leur qualité de vie. Un outil complémentaire pour renforcer le bien-être équin qui, dans le cadre d’une écurie, est généralement limité par des conditions de détention qui empêchent l’expression des comportements naturels de l’espèce.
Les stratégies d’enrichissement du milieu de vie ne sont pas nouvelles. L’un des principaux objectifs est de permettre aux animaux captifs et isolés socialement d’exprimer des comportements interactifs, grâce à des stimuli sensoriels, des objets, ou des contacts physiques avec des congénères.
Une récente étude s’est penchée sur la stimulation olfactive chez le cheval, qui consiste à déclencher des réactions par l’odorat en introduisant des odeurs dans son environnement. Cela est d’autant plus pertinent que le cheval est pourvu d’un odorat bien développé et fait partie des vertébrés qui possèdent le plus grand nombre de récepteurs olfactifs. Ainsi, la communication chimique tient une place importante dans les interactions sociales chez les équidés. « L’olfaction est une modalité sensorielle qui joue un rôle majeur dans l’expression du comportement équin et, ces dernières années, des études ont montré que la stimulation olfactive peut influencer les paramètres physiologiques et comportementaux des chevaux. » En outre, les chercheurs ont relié leur étude sur la perception des odeurs par les équidés à la gestion des facteurs de stress auxquels les chevaux domestiques sont souvent exposés (isolement, confinement, activité physique intense, douleur, peur, manque de satisfaction des besoins biologiques, etc.).
Lorsqu’on évoque l’enrichissement de l’environnement par les odeurs, on pense tout de suite aux huiles essentielles. Mais les premières odeurs indispensables pour les chevaux restent les odeurs biologiques, celles du corps, de l’urine, des crottins. Ces odeurs servent en effet à la transmission d’informations entre les individus et induisent des réponses comportementales innées ou apprises. Par exemple, lorsque le transmetteur de l’odeur est un cheval anxieux ou agressif, il peut plonger le cheval récepteur dans un état de stress.
L’objectif est donc d’utiliser des stimuli inoffensifs et non stressants dans les protocoles d’enrichissement afin d’améliorer le bien-être des animaux. L’étude s’est penchée sur les bienfaits des huiles essentielles ou d’autres odeurs d’origine végétale. Il est apparu que certaines créent un climat apaisant et réduisent le stress, tandis que d’autres ont une action stimulante. Si l’huile de lavande est connue pour ses effets anxiolytiques sur les animaux, elle réduit également les réactions de stress chez le cheval. L’étude a montré que le nard de l’Himalaya et la camomille romaine semblent plus efficaces que la lavande pour calmer les chevaux. Mieux encore, le nard induit une relaxation faciale et la camomille romaine a un effet certain sur la relaxation musculaire. L’huile essentielle de menthe poivrée, contrairement aux autres testées, a un effet stimulant qui pourrait se révéler bénéfique pour la stimulation mentale et le bien-être psychologique chez l’animal captif. Dans le cas des chevaux, des recherches supplémentaires sont néanmoins nécessaires avant l’utilisation de ce type de stimulus olfactif afin de mieux comprendre son impact sur le comportement.
En pratique, les stimuli odorants présentés aux animaux sont de trois sortes :
- odeurs concentrées : imprégnées sur du tissu, du bois ou dans un récipient (l’odeur d’un voisin de box sur un tissu pourrait par exemple aider à garder un cheval calme pendant le transport) ;
- odeurs semi-concentrées : le matériau odorant est placé dans un sac ou un contenant qui sera ouvert par le cheval, provoquant alors la dispersion de l’odeur dans l’environnement ;
- odeurs dispersées : la diffusion se fait dans l’environnement immédiat du cheval. C’est le principe du spray ou du diffuseur d’odeurs.
Les deux premières catégories ont cet avantage d’offrir une plus grande autonomie au cheval dans ses interactions avec les odeurs présentées. La dispersion, au contraire, ne lui permet pas de s’éloigner de l’odeur omniprésente dans son environnement, même si elle est potentiellement aversive pour lui.
Cette étude démontre les avantages de la stimulation olfactive chez le cheval dans plusieurs contextes et son influence sur le répertoire comportemental équin. Les stimuli olfactifs auraient ainsi le pouvoir d’augmenter la diversité comportementale et la capacité des chevaux à relever des défis, ainsi que de stimuler les comportements typiques de l’espèce. Elle ouvre la voie à d’autres recherches pour affiner l’enrichissement de l’environnement du cheval par les odeurs et la classification de ces odeurs selon les situations et les effets recherchés.
Mais nombre de questions restent encore sans réponse : quels sont les modes de diffusion des odeurs les plus adaptés selon le contexte, l’intervalle idéal entre l’introduction des différentes odeurs, les effets à long terme, l’impact éventuel sur la santé de l’animal ? Si les risques pour la santé concernant la toxicité de certains produits ont déjà été démontrés chez l’humain, il est nécessaire aussi de prendre en compte la potentielle transmission d’agents pathogènes et de parasites par voie aérienne au sein d’une écurie.
Les scientifiques de cette étude soulignent donc l’importance de ne pas jouer les apprentis chercheurs dans un domaine encore peu exploré. Les professionnels de la filière du cheval doivent n’utiliser que les stimuli olfactifs qui ont déjà été testés expérimentalement dans des contextes similaires et sont considérés comme sûrs et efficaces pour cette espèce, comme l’huile essentielle de lavande pour réduire le stress.