Un projet routier menace un maison de retraite de 120 chevaux sur 96 hectares. 48 chevaux n’auront plus d’habitat dans peu de temps.
Julie et Florent Sagaert sont agriculteurs en Seine-Maritime, près de Dieppe.
Depuis plus de 15 ans, ils ont reconverti l’exploitation céréalière familiale de 96 hectares en maison de retraite pour chevaux, d’une capacité d’accueil de 120 pensionnaires, dont certains dépassent allègrement la trentaine, et progressivement créé 3 emplois.
Pour installer les pensionnaires dans des conditions idéales, ils ont construit de vastes abris, implanté des clôtures spécifiques pour les chevaux, planté 9 km de haies brise-vent… La ferme a également obtenu le label Agriculture Biologique, gage de qualité environnementale.
Malheureusement, un projet routier menace l’exploitation. Il s’agit du prolongement de la RN27 Manéhouville-Dieppe, une route de deux fois deux voies qui traversera le coeur de la propriété,obligera Julie et Florent à se séparer de 48 chevaux sur 120, directement privés de leur habitat, et mettra en danger tous les autres pensionnaires maintenus à proximité immédiate de ce chantier d’envergure, d’autant plus que leur santé est fragile.
De nombreuses expertises ont été réalisées pour mesurer l’impact de ces travaux : les Haras Nationaux, la Chambre d’Agriculture de Seine-Maritime, et plusieurs experts fonciers et agricoles, sont tous arrivés à la même conclusion : la réinstallation sur un autre site est la seule solution.
La déclaration d’utilité publique de 2005 de ce projet routier stipule que « le Maître d’ouvrage est tenu de remédier aux dommages causés aux exploitations agricoles par l’exécution de ces travaux », et que, conformément aux articles R 352-1 à 15 du code rural, il est tenu de « participer financièrement à la réinstallation sur des exploitations nouvelles (…) les exploitations déséquilibrées du fait des expropriations auxquelles il est procédé (…) ».
Mais l’Etat n’assume pas ses responsabilités, et beaucoup d’occasions ont été gâchées : aucune des candidatures des époux Sagaert pour des terrains libres à proximité de leur exploitation n’a été retenue ; une exploitation comparable disponible en 2008 dans le département a été attribuée à un autre agriculteur, malgré les nombreuses démarches pour mobiliser tous les services de l’Etat autour de cette opportunité.
Julie et Florent ne baissent pas les bras, et en appellent aux amis des chevaux sur le web et les réseaux sociaux. Un site dédié a été mis en ligne :
http://www.mon-expropriation.fr
Une pétition en ligne circule, pour faire connaitre leur histoire et recueillir un maximum de soutien. Elle a déjà recueilli en trois mois plus de 62000 signatures :
http://www.change.org/RetraitePourChevaux
Aujourd’hui, une nouvelle solution de réinstallation se présente dans le département : une exploitation agricole située autour de l’hipodrome de Mauquenchy, qui attend depuis plusieurs décennies de voir des projets équins s’y développer, est mise en vente pour une grande partie, par la SAFER de Haute-Normandie. Les chevaux retraités pourraient y être installés… à condition d’un engagement favorable des pouvoirs publics, faute de quoi la survie de l’entreprise est compromise, et l’avenir des chevaux retraités plus qu’incertain.
Peu de solutions s’offrent aujourd’hui pour proposer, avec autant de professionnalisme, de compétences et d’amour des chevaux, des retraites décentes à nos compagnons. La Maison de Retraite de Julie et Florent à Tourville-sur-Arques est un modèle du genre. Devra-t-elle disparaître ?
Dr. Thierry Demonceau, vétérinaire
Heureux propriétaire d’un pensionnaire de la maison de retraite, âgé de 32 ans.
Les coordonnées de l’exploitation
Julie et Florent SAGAERT
3 route d’Anneville
76550 TOURVILLE SUR ARQUES
tel. : Julie : 06 50 27 81 94 / Florent : 06 99 28 76 33
courriels : julie.sagaert@orange.fr / florent.sagaert@wanadoo.fr