La filière du cheval aux États-Unis bénéficie de données exceptionnelles qui permettent d’établir une cartographie permanente et efficace sur le bien-être équin et la maltraitance des équidés par État et selon les moyens mis en place. Une source d’information unique au monde.
Afin de collecter des données fiables sur les actions de sauvetage et d’amélioration du bien-être des équidés sur l’ensemble du territoire américain, l’United Horse Coalition (UHC) a créé la base Equine Welfare Data Collective (EWDC) en 2018, un programme de l’American Horse Council (AHC). L’objectif est de déterminer les besoins avant d’y affecter les financements et les ressources humaines et matérielles. L’American Society for Prevention of Cruelty to Animals (Aspca) et The Foundation for the Horse (ancienne AAEP Fondation de l’American Association of Equine Practitioners) sont les principales organisations opérationnelles et sources de financement. Un rapport est publié tous les deux ans.
Concrètement, l’EWDC collecte des données nationales sur le bien-être des chevaux auprès des centres de transit ou d’adoption, des sauvetages, des sanctuaires, des refuges et des autres organisations impliquées dans le bien-être équin. La base s’affine au fil des ans pour offrir un panorama réel sur les chevaux recueillis dans les refuges, ainsi que sur les actions de terrain dans le cadre des sauvetages. Lors du lancement de l’initiative en 2018, le premier objectif était de répondre à plusieurs questions fondamentales : combien d’équidés sont hébergés en refuge aux États-Unis, combien existe-t-il de refuges et de sanctuaires sur l’ensemble du territoire, combien d’équidés sont adoptés chaque année et quel est le taux de renouvellement ? En quatre ans, l’EWDC a permis d’obtenir une vue d’ensemble du sauvetage des équidés américains, mais surtout de remettre en question des croyances bien ancrées.
L’interprétation des chiffres permet ainsi à la filière de mieux appréhender les risques pour les chevaux en s’attaquant aux facteurs d’abandon ou de maltraitance à la racine. Le maître mot est de prévenir avant tout ! Pour cela, certaines données doivent être analysées et croisées :
- la durée de séjour d’un équidé en refuge est généralement comprise entre 200 et 300 jours en moyenne. Par ailleurs, à la suite de la compilation des données concernant la capacité d’accueil des chevaux aux États-Unis, par État, il est apparu que le nombre de places disponibles à tout moment est de 47 000 ! La réduction de la durée de séjour et la disponibilité des places sont deux leviers qui peuvent, ensemble, offrir des capacités d’accueil nettement plus importantes. Des résultats qui balayent l’idée qu’il manque des places pour accueillir les chevaux en détresse ! Les places existent, reste à en optimiser la gestion générale. Bien que plusieurs structures annoncent avoir atteint plus de 100 % de leur capacité, l’outil mis en place montre que les capacités d’accueil sont bonnes, dans une approche globale, sur le territoire américain. En outre, des programmes tels que l’Horse Adoption Express de l’Aspca facilitent le déplacement des équidés vers des régions pouvant accueillir davantage de chevaux, où ils auront de meilleures chances de trouver un nouveau foyer plus rapidement, le plus grand obstacle à l’adoption étant souvent la distance entre l’adoptant et le cheval désiré ;
- 80 % des chevaux en refuge sont adoptés ;
- 77 % des équidés recensés par le programme de l’EWDC proviennent de l’abandon des propriétaires, ainsi que de retraits judiciaires ;
- la première cause d’abandon par les propriétaires est financière. Par conséquent, intégrer le soutien des propriétaires en difficulté pourrait leur permettre de garder leurs animaux et ainsi de limiter fortement les abandons. Des initiatives sont développées en ce sens (banques de foin et d’aliment, aides aux soins vétérinaires, etc.) ;
- la santé du propriétaire est la deuxième cause d’abandon. Des campagnes de sensibilisation sont alors prévues pour responsabiliser le détenteur en amont (qu’adviendra-t-il de mon cheval s’il m’arrive quelque chose ?) ;
- 75 % des demandes d’aide au relogement des équidés ont été assurées en 2020, en pleine crise pandémique de Covid-19.
Pour recueillir les données, l’EWDC mène des enquêtes auprès des associations de sauvetage des équidés, des sanctuaires et des organisations travaillant sur le bien-être des équidés. Les données recensées sont entre autres :
- le nombre d’équidés admis dans les refuges ;
- leur provenance ;
- leur état physique ;
- la durée de leur séjour au centre ;
- le nombre d’adoptions et le statut des adoptés.
À cela s’ajoute un volet social, pour établir le profil de ceux qui sollicitent les services de protection sociale (aides pour nourrir les chevaux, pour les soins vétérinaires, assistance pour l’euthanasie, formation comportementale, etc.). En outre, la collecte des données prend également en compte les programmes de placement direct (facilitation de la transition d’un propriétaire à un autre). Enfin, une cartographie géographique, sociétale, démographique et structurelle des organisations actrices du sauvetage est réalisée.
En fin de compte, ce programme développé par les associations de protection des équidés et la filière hippique permet dorénavant de mieux connaître la réalité sur le terrain de la souffrance et de la maltraitance des équidés outre-Atlantique, les capacités de réponse à l’échelle du pays, et ainsi affecter les moyens humains, matériels et financiers avec une meilleure optimisation globale. Des actions simples, mais qui nécessitent de connaître le paysage complet du sauvetage des chevaux, avec les approches préventives et curatives.
Les États-Unis ne sont pas le seul pays à secourir ses équidés en détresse. Il en est de même en France. Il est donc urgent de travailler à un tel programme dans l’Hexagone. Qu’en est-il réellement de la prise en charge des équidés au niveau national ? À combien de cas de maltraitance devons-nous faire face et quels sont-ils ? Une telle solution en France serait plus qu’opportune pour avoir une vision d’ensemble réaliste. D’autant que nombre de petites associations locales, voire de particuliers, créent des refuges dont l’existence à moyen terme peut parfois être problématique. Notons que le volet préventif existe déjà pour l’élevage des animaux de production. La culture de l’aide est donc déjà ancrée dans les différentes strates de l’administration locale, les organisations professionnelles et associatives. Reste donc à solliciter la bonne volonté de chacun à travailler sur un tel programme. La LFPC, forte d’un conseil d’administration dans lequel les cinq principales organisations professionnelles sont représentées, s’engage à mener ce combat !