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TSPT et Equi handi : l’équitation adaptée au service des anciens combattants traumatisés

l’équithérapie offre avant tout une approche complémentaire prometteuse pour le traitement des TSPT

Une nouvelle étude s’est penchée sur l’intérêt des activités équestres adaptées pour les vétérans souffrant de troubles de stress post-traumatique (TSPT). La médiation animale semble une nouvelle fois améliorer les maux de l’humain.

 

L’objectif de cette étude était d’évaluer les effets des cours d’équitation adaptée sur les symptômes de stress post-traumatique, les concentrations hormonales plasmatiques et la coordination sensori-motrice afin de déterminer si des changements physiologiques se produisent lors des interactions avec les chevaux. Les observations sur l’évolution des couples vétéran-cheval se sont étalées sur 8 semaines. Un groupe témoin a été créé pour comparer les scores avec ceux du groupe équitation. Les résultats montrent que les symptômes de TSPT (dépression, hostilité, idées paranoïaques, altération de la cognition et de l’humeur, somatisation) ont significativement diminué dans le groupe équitation par rapport au groupe témoin. En revanche, aucune différence significative n’a été observée pour la synchronie motrice et les concentrations hormonales entre les deux groupes. À noter que les scores comportementaux mesurant l’interaction homme-cheval étaient plus élevés à partir de la troisième semaine d’équitation adaptée, indiquant des interactions plus positives.

Si l’étude ne fait que renforcer les résultats rapportés dans la littérature sur les effets bénéfiques de la médiation animale sur les maux des humains, elle confirme scientifiquement que l’équitation adaptée peut avoir un impact thérapeutique sur l’évolution des symptômes chez les anciens combattants souffrant de stress post-traumatique.

Cette étude contribue à la recherche émergente sur les services assistés par les équidés pour les vétérans traumatisés. Elle rapporte des résultats positifs en termes de gravité des symptômes après des cours d’équitation adaptée, tout en soulignant le besoin d’études à plus grande échelle. Il pourrait notamment être utile de développer une échelle de mesure comportementale spécifique aux interactions cheval-humain, car le comportement varie selon les espèces.

 

D’autres études ont porté sur le syndrome de stress post-traumatique.

Chez les jeunes

Les principales études sur les troubles de stress post-traumatique (TSPT) et l’équithérapie ont mis en évidence plusieurs résultats prometteurs, comme l’amélioration du fonctionnement socio-émotionnel et cognitif, l’aide à la régulation du comportement et des émotions, la restauration de la confiance et de l’estime de soi, mais aussi des impacts sur le suivi médical tels que la facilitation de l’adhésion aux soins ou le développement d’une bonne alliance thérapeutique, que ce soit chez les enfants ou les adolescents confrontés au terrorisme.

Une étude comparative entre l’équithérapie et les traitements traditionnels centrée sur le traumatisme chez des jeunes a conclu que la médiation équine était aussi efficace que la thérapie traditionnelle pour améliorer les symptômes des TSPT.

L’équithérapie semble améliorer le fonctionnement socio-émotionnel des adolescents souffrant de psycho-traumatisme de plusieurs façons :

  • par une régulation émotionnelle : le contact avec le cheval a des effets apaisants et relaxants qui permettent de diminuer l’hyperréactivité physiologique et l’hyperéveil caractéristiques du TSPT ;
  • par le développement de la confiance et de l’estime de soi : l’interaction avec le cheval dans un cadre sécurisant et sans jugement permet aux adolescents de reprendre confiance en eux, tandis que surmonter la peur initiale face au cheval et réussir à le diriger renforce le sentiment d’efficacité personnelle ;
  • par une amélioration des capacités relationnelles : la médiation équine favorise le développement de meilleures capacités d’adaptation interpersonnelle. La relation avec le cheval constitue une expérience relationnelle sécurisante qui peut être transposée aux interactions humaines.

 

Elle permet aussi de renforcer l’expression et la compréhension des émotions : le cheval agit comme un miroir qui permet aux adolescents de mieux reconnaître et comprendre leurs propres états émotionnels. Cela facilite l’expression d’émotions ou de pensées difficiles à verbaliser autrement.

Des études ont aussi montré que l’équithérapie peut avoir des effets physiologiques bénéfiques, notamment une diminution des hormones de stress. Cela contribue à réduire l’anxiété et à améliorer le bien-être général.

Bien que prometteuses, ces observations nécessitent d’être confirmées par davantage d’études rigoureuses pour établir pleinement l’efficacité de l’équithérapie dans le traitement des TSPT chez les adolescents.

 

Chez la femme

Une étude menée auprès de femmes victimes de violences sexuelles a montré des améliorations significatives sur les altérations négatives des cognitions et de l’humeur, une meilleure acceptation des émotions négatives, une réduction de l’anxiété et une plus grande capacité à gérer le stress.

La médiation du cheval permettait également une très bonne faisabilité et acceptabilité des protocoles d’équithérapie, une observation également confirmée chez les enfants et adolescents.

 

Chez les personnes âgées

Des recherches ont également été menées sur les bienfaits de l’équitation pour les personnes âgées, notamment celles souffrant de démence ou de maladies neurodégénératives. Les résultats indiquent des améliorations au niveau de l’humeur, de la qualité de vie et même de certaines fonctions cognitives.

 

Chez les personnes souffrant de troubles physiques

L’équitation thérapeutique est utilisée pour aider les personnes présentant des handicaps physiques, comme la paralysie cérébrale. Les études montrent des améliorations en matière d’équilibre, de coordination et de force musculaire.

 

Un engouement à relativiser

Les études actuelles sur l’équithérapie pour soigner les troubles de stress post-traumatique présentent plusieurs limites méthodologiques importantes.

  • La taille des échantillons : la plupart des études portent des effectifs de petite taille, ce qui limite la généralisation des résultats et la puissance statistique. Par exemple, la dernière en date a impliqué seulement neuf vétérans. Il est ainsi difficile d’en tirer des conclusions solides sur l’efficacité de l’équithérapie pour traiter les TSPT à grande échelle.
  • Un groupe témoin est rarement constitué dans ces études, ce qui complique l’évaluation de l’efficacité spécifique de l’équithérapie par rapport à d’autres interventions.
  • Les protocoles d’équithérapie varient significativement, et cette hétérogénéité rend difficile la comparaison des résultats et la réplication des procédures.
  • Le suivi à long terme est généralement insuffisant, ce qui empêche d’inscrire les améliorations liées à l’équithérapie dans le temps, faute d’évaluation de la durabilité des effets positifs sur l’évolution des symptômes pendant la période suivant l’arrêt de l’activité ou de la thérapie. Des évaluations sur des périodes plus longues seraient nécessaires pour déterminer si les bénéfices se maintiennent à moyen et long termes.

 

Il est aussi nécessaire de souligner des biais éventuels, notamment dans la sélection des participants volontaires pour l’équithérapie dont les caractéristiques individuelles peuvent empêcher la généralisation des conclusions à l’ensemble des patients souffrant de TSPT. En outre, les procédures de collecte des données restent trop subjectives : il s’agit de mesures auto-rapportées plutôt que de scores objectifs.

Pour consolider les données probantes sur l’efficacité de l’équithérapie pour le traitement des TSPT, il est nécessaire de poursuivre les recherches avec des protocoles plus rigoureux, des échantillons plus importants et des suivis à plus long terme.

 

Quels chevaux pour l’équithérapie ?

La sélection et la formation des chevaux pour l’équithérapie sont deux enjeux importants pour assurer l’efficacité et la sécurité des séances. Les chevaux destinés à la médiation animale doivent être choisis selon plusieurs critères :

  • tempérament : ils doivent être calmes, patients et peu réactifs aux stimuli extérieurs ;
  • taille et conformation : leur morphologie doit être adaptée aux besoins spécifiques des patients ;
  • sensibilité : ils doivent rechercher le contact tactile et être réceptifs aux interactions avec les humains ;
  • âge et expérience : les chevaux matures et expérimentés sont généralement préférés.

 

Ces chevaux doivent suivre une formation spécifique. Il n’est pas possible de se lancer dans cette activité du jour au lendemain. Une remarque valable pour le cheval, mais aussi pour le « coach », un métier en pleine expansion mais sans aucune règle…

 

Concernant les chevaux, il s’agit de :

  • les désensibiliser aux divers stimuli habituels (bruits, mouvements brusques, équipements médicaux) pour rester calmes en toutes circonstances ;
  • les « contrôler » au mieux par une répétition des commandes de base pour garantir la sécurité ;
  • leur apprendre à accepter les particularités des patients, que ce soit lors d’exercices montés ou au sol, ou encore avec des équipements spéciaux utilisés en équithérapie.

Enfin, ces chevaux, pour leur bien-être et donc celui de leurs patients, devront être physiquement aptes (bon état général, souplesse, suivi vétérinaire) et bien dans leur tête (éviter la lassitude ou le stress, offrir des périodes de repos et de détente entre les séances, suivi comportemental).

L’utilisation du cheval dans la thérapie des troubles de stress post-traumatique présente plusieurs autres avantages spécifiques, comme l’amélioration de l’alliance thérapeutique entre le patient et le thérapeute. La triade patient-thérapeute-cheval crée un cadre unique qui favorise la confiance et l’ouverture. Ainsi, l’équithérapie offre un cadre différent d’un environnement médical traditionnel, ce qui peut faciliter l’engagement des patients dans le processus de guérison.

 

En conclusion, l’équithérapie offre avant tout une approche complémentaire prometteuse pour le traitement des TSPT, en combinant des bénéfices physiques et psychologiques dans un cadre thérapeutique singulier et motivant. Mais pour un développement plus général, il faudra mener de nouvelles études scientifiques avec plus de patients, standardisées et sur le long terme.

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