
Alors que les vagues de chaleur se multiplient en France et en Europe, les chevaux sont en première ligne face au risque de stress thermique. Décryptage des bons réflexes à adopter, à la lumière des dernières recommandations vétérinaires et scientifiques.
Le cheval, un athlète fragile face à la chaleur
Contrairement à une idée reçue, le cheval ne supporte pas bien la chaleur. Sa capacité à dissiper l’excès thermique est limitée : il transpire abondamment, mais sa peau épaisse et ses mécanismes internes rendent la thermorégulation inefficace lorsque les températures grimpent. Au-delà de 25 °C, l’organisme équin commence à peiner. À 40,5 °C de température corporelle, le pronostic vital est engagé. Une étude de Kang et coll. (2023) fixe la zone de confort thermique du cheval entre 5 et 25 °C, un seuil souvent dépassé en été.
Coup de chaleur : reconnaître les signaux d’alerte
Les signes d’un stress thermique ne trompent pas. Les vétérinaires alertent sur plusieurs indicateurs à surveiller de près :
- température rectale supérieure à 39,5 °C ;
- fréquence respiratoire rapide (40 mpm/min), fréquence cardiaque élevée (60 bpm/min) ;
- sueur abondante, ou à l’inverse absence de transpiration ;
- fatigue soudaine, tremblements musculaires, gencives sèches ;
- urines foncées, prostration, perte d’appétit.
En cas de doute, un arrêt immédiat de toute activité, une mise à l’ombre et un refroidissement à l’eau fraîche sont conseillés, avant l’appel au vétérinaire si l’état du cheval ne s’améliore pas sous 20 minutes.
Refroidir, hydrater, ventiler : les trois piliers de la prévention
- L’eau, meilleure alliée contre la surchauffe
Douche à l’eau fraîche (7 à 20 °C), passage du couteau de chaleur et ventilation permettent une chute rapide de la température corporelle. Contrairement aux idées reçues, l’eau froide ne provoque pas de choc thermique : elle est même fortement recommandée.
- Une hydratation irréprochable
Un cheval adulte peut perdre jusqu’à 15 litres de sueur par heure. Pour compenser ces pertes, il doit avoir accès en permanence à une eau propre, enrichie en sel (30 à 60 g par jour) et en électrolytes, et pour renforcer l’apport hydrique, le trempage du foin ou des granulés est préconisé.
- Créer des environnements respirables
Les chevaux doivent avoir accès à des abris ombragés et bien ventilés, qu’ils soient au pré ou au box. Ventilateurs sécurisés et brumisateurs sont recommandés, surtout en période de pic de chaleur.
Adapter les pratiques : quand travailler, quand s’abstenir ?
La règle est d’éviter les efforts dès que l’indice humidex dépasse 150 (température en °F + humidité relative en %), selon la New Mexico State University. Les séances de travail doivent être limitées aux heures fraîches, tôt le matin ou tard en soirée. Une acclimatation progressive de deux à trois semaines avant une période de chaleur intense améliore significativement la tolérance à l’effort.
Des chevaux plus vulnérables que d’autres
Les chevaux âgés, atteints de maladies métaboliques ou à pelage dense (de type cob), doivent bénéficier d’une tonte légère, d’un suivi vétérinaire renforcé, et d’un accès facilité à l’eau. Une protection solaire (crème, masque, couverture) est également utile pour les chevaux à peau claire.
Transport : un risque souvent sous-estimé
À l’arrêt en plein soleil, la température dans un van peut dépasser 50 °C en 15 minutes. L’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) recommande :
- une ventilation maximale ;
- des arrêts toutes les 1,5 heure ;
- une brumisation d’eau et d’électrolytes à chaque étape ;
- éviter les trajets entre 11 h et 18 h.
Insectes et maladies : une menace collatérale
Les fortes chaleurs favorisent aussi la prolifération des moustiques, vecteurs du virus West-Nile. Il est crucial d’éliminer les eaux stagnantes, de vacciner les chevaux exposés et d’utiliser des protections physiques et répulsives adaptées.
Avec le dérèglement climatique, les épisodes de canicule deviennent la norme. Prévenir le stress thermique n’est plus un simple geste de bon sens : c’est un acte de responsabilité sanitaire et éthique. Grâce aux connaissances scientifiques disponibles, chaque propriétaire peut aujourd’hui s’adapter, anticiper et agir pour protéger son cheval.