
Après les JO de Paris 2024, la question n’est plus théorique : peut-on conjuguer très haut niveau et besoins éthologiques du cheval ? Une étude de terrain apporte une réponse positive : plus la règle des 3F (pour fourrage, friends et freedom) est respectée au quotidien, plus les indicateurs de bien-être s’améliorent, sans dégrader l’état de santé ni la performance sportive.
Mesurer le bien-être
Les auteurs ont suivi 56 chevaux de saut d’obstacles et de concours complet issus de treize écuries françaises. Pour chaque animal, ils ont noté l’accès au foin (à volonté versus rationné), le mode d’hébergement (box seul, majoritairement au box, souvent dehors) et le niveau d’interactions sociales (contact visuel, nez à nez, tactile). Ces données ont été croisées avec des observations comportementales standardisées (stéréotypies, port des oreilles lors de la distribution de l’aliment, vigilance, interactions avec l’humain) et des signes physiques (alopécie, lésions). Des analyses multivariées ont ensuite relié un indice “3F” global aux marqueurs de bien-être.
Des idées reçues bousculées
Lorsque les 3F (fourrage à volonté, liberté de mouvement, interactions avec des congénères) sont respectés, les chevaux mangent plus sereinement, expriment moins de comportements anormaux et présentent moins d’atteintes cutanées. À l’inverse, rationner le foin, limiter les sorties ou ne permettre qu’un contact visuel avec le voisin de box s’accompagne d’une hausse des signes de mal-être.
Chez les chevaux athlètes de l’étude, la distribution en libre-service du foin n’a pas entraîné de surpoids, l’argument de la prise de poids ne se vérifie donc pas ici. Ouvrir le box tous les jours, même pour une courte durée, réduit la charge “psychique” du confinement. Permettre des contacts tactiles sécurisés (cloisons ajourées, paddocks mitoyens, binômes compatibles) apaise et structure les interactions. Côté alimentation, le fourrage disponible en continu via des filets à petites mailles limite la faim entre les deux repas et les stéréotypies à l’auge.
Mise en œuvre dans une écurie de sport
La clé de cette approche 3F est la mise en place d’une routine, en programmant des temps à l’extérieur quotidiens, en proposant du fourrage à volonté entre deux distributions, en aménageant des zones d’interactions sans risque. Un suivi hebdomadaire permet d’ajuster le curseur du bénéfice comportemental sans renoncer à la rigueur de l’entraînement sportif. Une équipe élargie (vétérinaire, maréchal, ostéopathe, groom) gagne à partager ces observations afin de documenter l’évolution de chaque cheval et satisfaire au mieux ses besoins.
En sport de haut niveau, le respect des 3F n’est pas un luxe : ce sont des leviers fondamentaux pour améliorer le bien-être équin, l’image des sports équestres et potentiellement la durabilité de la performance des chevaux athlètes.