Une première enquête d’opinion menée auprès de 6 000 cavaliers a entériné le travail de la Commission pour l’éthique et le bien-être équin de la Fédération équestre internationale (FEI) en 2022. Interrogés une seconde fois sur les 24 recommandations publiées par cette commission indépendante en avril dernier, 64 % des acteurs du monde équestre se disent favorables aux mesures préconisées visant à améliorer le bien-être du cheval de sport.
L’Equine Ethics and Wellbeing Commission (EEWB) est une commission indépendante qui travaille à l’amélioration du bien-être chez le cheval de sport depuis juin 2022. En avril dernier, l’EEWB a publié une première liste de 24 recommandations et un sondage a été réalisé cet été pour en estimer l’impact sur les acteurs des différents sports équestres. Les deux tiers des répondants (issus à 34 % du dressage et à 26 % du saut d’obstacles) ont estimé avoir observé une plus grande implication sur le terrain, en lien avec les initiatives de la commission. En outre, 79 % des personnes interrogées sur la possibilité pour le cheval de sport de mener “une belle vie” ont répondu par l’affirmative. Seuls 3 % ont estimé que ce n’était pas le cas, voire qu’il était impossible de concilier les deux.
À la question de savoir si les recommandations émises par l’EEWB peuvent réellement contribuer à améliorer le bien-être des équidés, évaluée sur une échelle de 1 (pas du tout) à 10 (tout à fait), 71 % des sondés ont donné une note de 6 ou plus, considérant ces bonnes pratiques comme globalement satisfaisantes. Il en ressort que si ces 24 mesures sont mises en œuvre, elles devraient effectivement permettre de faire progresser le bien-être des chevaux de sport.
Par ailleurs, le projet de la nouvelle charte équestre a été bien accueilli par les deux tiers des personnes sondées. Les signataires s’engageront à assumer leurs responsabilités en matière de bien-être et de bientraitance des chevaux, tout en veillant à leur offrir la meilleure qualité de vie possible. Les détracteurs de cette charte estiment qu’elle reste assez succincte et fondée sur des principes très généraux liés aux 24 recommandations.
Les opinions étaient partagées entre les six domaines clés identifiés dans l’enquête de 2022 comme les plus préoccupants :
– pour 27 % des sondés, la plus grande préoccupation concerne les conditions d’entraînement et la pratique de l’équitation, le matériel et le harnachement ;
– pour 20 %, il s’agit de l’attitude consistant à traiter le cheval comme un objet plutôt que comme un animal sensible ;
– le stress émotionnel et physique arrive en troisième position, pour 16 % des répondants.
Plus spécifiquement, la principale préoccupation dans la discipline du concours complet est le stress émotionnel et physique, incluant notamment les blessures (26 %). En dressage, la plus forte inquiétude concerne les pratiques d’entraînement et de monte ainsi que le harnachement (36 %). En saut d’obstacles, ce sont aussi les conditions d’entraînement, de monte et l’équipement (26 %) qui préoccupent, suivies par la notion de cheval objet versus être sensible (22 %).
L’association World Horse Welfare face à l’opinion publique
Les sports équestres évoluent dans la bonne direction, mais peuvent mieux faire ! Voilà comment on pourrait résumer la position de l’association World Horse Welfare (WHW) lors de la présentation des résultats d’une enquête sur les sports équestres publiée en juin dernier.
- Environ 40 % des personnes interrogées sont prêtes à soutenir les sports équestres dès lors que des mesures en faveur du bien-être équin sont mises en place. Elles sont 20 % à vouloir la fin de l’utilisation du cheval dans le sport. Des résultats qui n’évoluent pas sur un an.
- Pour 57 % des sondés, monter à cheval est une pratique acceptable, quelle que soit l’activité (sport ou loisir), tandis que 15 % d’entre eux y sont un peu ou fortement opposés.
- Seulement 2,3 % de la population générale déclare avoir des interactions régulières avec les chevaux.
- En majorité, ceux qui sont régulièrement en contact avec des chevaux (53 %) souhaitent davantage de mesures pour améliorer le bien-être et la sécurité dans le sport.
Les vétérinaires britanniques revoient leur position sur l’utilisation de l’animal dans le sport
Au printemps dernier, la British Veterinary Association (BVA) a fait évoluer sa politique concernant la pratique du sport avec des animaux. Si sa position la plus radicale concerne les courses de lévriers, dont elle demande l’abolition pure et simple, il n’en demeure pas moins qu’elle souhaite aussi de nettes améliorations dans les sports équestres et les courses hippiques.
La stratégie actuelle de la BVA en matière de bien-être animal, qui remonte à 2016, stipule que « l’utilisation des animaux au bénéfice des humains, y compris dans le sport, doit être exercée avec responsabilité, avec considération et compassion envers les animaux concernés ». La récente “radicalisation” de la BVA fait suite à des accidents graves survenus lors de courses hippiques au Royaume-Uni au printemps dernier, qui l’avait poussée à publier un communiqué de presse. Il est vrai que l’association vétérinaire a déjà pris, dans le passé, des positions bien plus fortes que ses homologues européens, notamment français, par exemple contre les cirques ou l’abattage sans étourdissement. Reste que les Britanniques adoptent volontiers des positions radicales pour faire (un peu) évoluer le bien-être animal…
D’aucuns vont jusqu’à s’interroger sur l’implication des vétérinaires : doivent-ils continuer à exercer dans certaines disciplines ? Des participants ont même suggéré que l’acceptabilité sociale de ces sports était en train de changer et que le rôle de la profession vétérinaire devrait être d’apporter des changements, qui sont espérés radicaux. Un débat qui s’inscrit dans une réflexion éthique plus large, comme pour l’élevage des chiens brachycéphales, etc.
La boîte de Pandore est ouverte et les enquêtes d’opinion montrent que moins les personnes interrogées ont de contact avec les animaux, plus leurs positions sont extrémistes et souvent en inadéquation avec le réel bien-être de l’animal, en raison d’une vision essentiellement anthropomorphique.