Actualité de la LFPCHome page - A la une

Le loup représente-t-il vraiment une menace ?

Une étude sur l’impact de la présence du loup sur la population équine en Allemagne a permis d’aller au-delà des inquiétudes des détenteurs qui mettent leurs chevaux toute l’année au pré et de faire le point sur la réalité des attaques, sur le terrain, du grand méchant loup…

 

Les études d’impact sont rares concernant le loup dont la présence déchaîne les passions, tant chez ses défenseurs que chez ses opposants. En témoigne les propos récents d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, qui a décidé de déclarer la guerre à cette espèce, actuellement protégée au niveau européen. Sans doute faut-il relier cette soudaine prise de position contre l’animal à une affaire personnelle, la mort de son poney, qui aurait été tué par une meute de loups en Allemagne…

Si la nouvelle étude ne remet pas en question l’existence du risque de prédation pour les équidés, elle est plus nuancée. Elle montre surtout que la situation est extrêmement différente selon la zone géographique. Dans certaines régions, s’il existe des preuves que le loup s’attaque aux chevaux, ces herbivores ne sont pas considérés comme des proies prioritaires. À l’inverse, dans d’autres zones, les équidés peuvent représenter jusqu’à 93 % de l’alimentation du loup.

Une thèse datant de 2013 avait relevé près de 59 % de pertes chez les poulains au nord de l’Espagne et du Portugal : pour 41 % des carcasses analysées, le loup était impliqué. Dans ces deux pays, le garrano (petite race locale) erre librement toute l’année sans aucune mesure de protection contre les prédateurs. Il est apparu que certaines meutes de loups se sont spécialisées dans la chasse aux chevaux dans ces zones, allant jusqu’à s’attaquer aux adultes.

 

Une étude sur l’impact de la présence du loup sur la population équine en Allemagne a permis d’aller au-delà des inquiétudes des détenteurs qui mettent leurs chevaux toute l’année au pré et de faire le point sur la réalité des attaques, sur le terrain, du grand méchant loup…

 

Le retour du loup en Allemagne, en 2000, a créé un climat de méfiance, voire de peur, non seulement lié au risque d’attaque, mais aussi à la panique que la simple vue du loup pourrait engendrer chez les chevaux, les poussant à s’échapper de leur enclos au risque de provoquer des accidents graves de la circulation. Dès 2002, des couples de loups se sont établis dans le nord-est de l’Allemagne. Dix ans plus tard, 158 meutes, 27 couples et 20 individus solitaires y sont recensés. Outre-Rhin, les premières attaques sur des chevaux ont été signalées dès 2016, avec une fréquence qui ne cesse de progresser au fil des ans. En 2020-2021, 18 attaques de loup ont été déclarées sur 8 poneys shetland (7 morts, 1 blessé), 2 poulains konik (1 mort, 1 blessé), 1 poney de 20 ans (mort) et 1 vieux cheval de 40 ans (blessé).

L’étude publiée cet été est fondée sur une observation de terrain entre 2015 et 2022. Les scientifiques ont pu observer, grâce à des caméras, les allées et venues du loup ainsi que les réactions de 13 chevaux laissés à l’année dans deux grandes pâtures. Les prédateurs ont essentiellement été filmés la nuit, trottinant le long des clôtures, parfois en train de humer l’odeur des chevaux. Les caméras de surveillance ont ainsi enregistré 984 fois des loups et 3 151 fois des animaux sauvages dans et autour des pâturages, dont 1 342 fois des lièvres, 867 fois des sangliers, 810 fois des renards roux et 95 fois des chevreuils. Mais à aucun moment, les chevaux n’ont montré un comportement inhabituel susceptible d’être relié à la présence, voire à l’attaque du loup.

Ainsi, les loups n’ont pas attaqué ces deux groupes de chevaux adultes mis au pré dans des parcelles riches en animaux sauvages, et les chevaux n’ont pas réagi à la présence des loups en montrant des signes visibles de mal-être ou de panique. Cela indique que les loups préfèrent s’attaquer à la faune facilement accessible autour et dans les pâturages fréquentés par des équidés, et que les chevaux d’Europe centrale s’habituent à la présence d’un prédateur qui ne les chasse pas.

Par ailleurs, des études antérieures révèlent que le loup évite les rassemblements de chevaux. Par conséquent, les meilleures conditions de protection contre ce prédateur pourraient être la constitution de groupes structurés de taille moyenne, comprenant des juments, des étalons et des hongres, et dans lesquels les membres ont établi des relations sociales stables.

En Allemagne, rares sont les propriétaires de chevaux qui mettent en place des mesures de protection contre les prédateurs, car pour le moment le loup ne s’est pas spécialisé dans la chasse aux équidés comme dans d’autres pays… Pour prévenir la prédation des loups et protéger les chevaux, il est toutefois conseillé d’installer des clôtures dissuasives. De même, mieux vaut rassembler les poulinières, les poulains et les poneys à proximité des habitations humaines durant la nuit, par exemple dans des prés équipés de clôtures anti-loup.

D’autres études suggèrent que l’augmentation de la taille des populations d’animaux sauvages dans le sud de l’Europe diminue la pression de prédation sur les chevaux, en Italie, en Espagne et au Portugal, pays dans lesquels le bétail constitue la principale ressource alimentaire du loup. En Europe centrale, les loups se nourrissent préférentiellement de chevreuils, de cerfs élaphes, de sangliers, de daims et de mouflons. Dans ces zones, les animaux domestiques ne représentent que 2 % du menu du loup.

 

Actualité sur le loup

Loups en Europe : la Commission invite les autorités locales à utiliser pleinement les dérogations existantes

https://france.representation.ec.europa.eu/informations/loups-en-europe-la-commission-invite-les-autorites-locales-utiliser-pleinement-les-derogations-2023-09-04_fr

 

La Commission européenne va réexaminer le statut de protection des loups

https://fr.euronews.com/my-europe/2023/09/04/la-commission-europeenne-va-reexaminer-le-statut-de-protection-des-loups

 

Ursula von der Leyen accusée d’abus de pouvoir dans le débat sur la protection des loups

Ursula von der Leyen accusée d’abus de pouvoir dans le débat sur la protection des loups

Lisez aussi

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.