
Le débat sur les méthodes d’entraînement du cheval est en train d’évoluer. Un travail récent, à l’université de Padoue, documente comment le renforcement positif chez le cheval améliore le bien-être émotionnel, favorise l’adaptation comportementale et la réactivité, tout en réduisant les risques liés aux méthodes aversives (stress, conflit, résignation acquise, etc.).
À l’appui, une étude menée chez cinq chevaux montre des progrès rapides avec un exercice de “target training” (visant à apprendre au cheval à toucher une cible avec une partie de son corps) et propose un cadre pratique pour passer d’une méthode de dressage à une démarche d’apprentissage fondée sur la science du comportement.
Apports de la science comportementale
L’entraînement du cheval s’inscrit dans le cadre des protocoles d’apprentissage chez l’animal, mais l’auteur rappelle que les chevaux sont des animaux très sensibles aux signaux humains, d’où l’importance de règles claires et d’un timing précis des récompenses à la fin des exercices. L’étude met en avant l’impact positif de la récompense alimentaire, vocale, ou du contact tactile (grattage) sur la performance d’apprentissage du cheval, à l’origine d’associations positives et durables, d’une réduction de l’anxiété et d’un renforcement des acquis. Elle souligne aussi l’intérêt de l’éthogramme de la douleur chez le cheval monté et des biomarqueurs (fréquence cardiaque, cortisol) pour objectiver le bien-être équin durant les séances d’apprentissage.
Ce que montre l’étude de cas
Le dispositif expérimental a concerné cinq équidés au profil varié (race, taille, âge) hébergés dans un refuge italien. Au cours de deux jours d’entraînement, au protocole standardisé incluant un target training simple et des récompenses adaptées, l’objectif était d’enseigner le suivi d’une cible avec progression de distance, de direction et de complexité. À la fin du premier jour, trois équidés avaient déjà atteint la phase 4 (suivi en courbes) et le second jour, les deux autres ont terminé l’ensemble du protocole jusqu’à la phase 6. Les séances duraient en moyenne sept minutes, avec une nette mémorisation de l’exercice entre les deux journées, y compris chez les animaux âgés. L’étude souligne l’importance de séances courtes, du choix des friandises (taille, texture), d’une progression graduée et d’un enregistrement systématique des performances de chaque animal.
Des applications concrètes sur le terrain
Au-delà du simple exercice de toucher une cible, l’auteur relie ces apprentissages à des gestes bénéfiques au quotidien à l’écurie : embarquement en van sans contrainte, désensibilisation spécifique, mouvements latéraux utiles au dressage et au saut, ou encore entraînement aux soins coopératifs et sans stress chez le vétérinaire. L’enjeu est double : hausse du niveau de sécurité pour les humains et réduction du coût émotionnel pour le cheval, sans renoncer à la performance.
Un cadre éthique pour l’équitation moderne
La méthode d’apprentissage via le renforcement positif contribue à la pratique d’une équitation plus respectueuse et plus éthique, qui prend en compte le cheval comme un être sensible et améliore la relation humain-animal. En compétition comme lors d’activité de loisir, adopter des indicateurs pertinents, proscrire les techniques incompatibles avec les principes de l’apprentissage chez le cheval et normaliser les protocoles d’exercice centrés sur la récompense sont des leviers qui ont fait leurs preuves pour combiner sport, sécurité et bien-être animal. Même si cela semble une évidence, il est bon de le rappeler, études scientifiques à l’appui.
















