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Qu’en est-il de la santé et du bien-être des chevaux de sport dans les disciplines olympiques ?

un premier rapport consensuel, fondé sur la méthode Delphi, vient renforcer la prise en compte de la santé et du bien-être équins tout le long de la chaîne des sports équestres.

Jamais la question du bien-être des chevaux n’a évolué aussi rapidement qu’entre les deux dernières éditions des jeux Olympiques, de l’affaire Annika Schleu à Tokyo en pentathlon à la préparation des épreuves dans le parc du château de Versailles. Dans ce contexte, un premier rapport consensuel, fondé sur la méthode Delphi, vient renforcer la prise en compte de la santé et du bien-être équins tout le long de la chaîne des sports équestres. Les résultats soulignent la nécessité d’indicateurs de bien-être clairs, harmonisés et fondés sur des données probantes, pour aider la filière à améliorer la qualité de vie des chevaux utilisés dans le sport.

 

Si les activités équestres sont généralement populaires et le couple cavalier-cheval bien accepté, un mouvement international, certes très minoritaire, remet en question la pratique de l’équitation, principalement en raison de l’impact sur le bien-être animal de la gestion et des méthodes d’entraînement coercitives des chevaux de sport. L’affaire de Tokyo, en s’appuyant sur des images tristement célèbres pour en faire une généralité, a contribué à alimenter le débat. L’acceptabilité sociale de l’activité équestre est de plus en plus réservée. Si la relation homme-cheval se construit depuis plus de 5 000 ans et progresse au fil des siècles, enrichissant les traditions équestres à travers les différentes civilisations, il existe peu de publications scientifiques relatives aux soins à apporter aux équidés et à leurs besoins physiques et psychologiques dans les différentes disciplines équestres. Les pratiques d’entraînement et de gestion des chevaux de sport reposent ainsi sur la tradition plutôt que sur la science.

Dans le cadre de l’étude, les auteurs ont appliqué la méthode Delphi, qui vise à interroger un panel d’experts sur un sujet précis à plusieurs reprises, en enrichissant à chaque fois le questionnaire. L’objectif est de parvenir à un consensus, tout en pointant les points de divergence, pour prévoir les tendances, prendre des décisions et développer des stratégies.

Ainsi, pour cerner les approches du bien-être des équidés dans les sports équestres au niveau mondial, 104 experts issus des trois principales disciplines (dressage, saut d’obstacles et concours complet) ont été consultés à quatre reprises. En matière de consensus sur les facteurs qui devraient être considérés comme essentiels pour garantir la santé et le bien-être des chevaux de sport, cinq catégories ont été établies :

  • la gestion de l’entraînement ;
  • la gestion des compétitions ;
  • la gestion des jeunes chevaux ;
  • l’état de santé et la gestion vétérinaire ;
  • la relation cheval-humain.

En revanche, la gestion de l’environnement (expression du comportement, interactions sociales, libre circulation) et l’évaluation du bien-être (physique et mental) ont été jugées importantes mais non essentielles, car la plupart des experts considéraient que ces domaines étaient déjà bien pris en compte.

Selon les participants, l’avenir des sports équestres apparaît incertain et ils estiment que la filière est peu sensibilisée à la manière d’évaluer et de gérer le bien-être des chevaux athlètes. Les experts ont ainsi souligné l’importance de renforcer l’éducation et la sensibilisation des différents acteurs au bien-être équin, de promouvoir les bonnes pratiques, ainsi que de mettre l’accent sur la recherche scientifique pour mieux accompagner cavaliers, entraîneurs, organisations et fédérations. La prochaine étape pourrait donc être l’élaboration d’une charte sur le bien-être du cheval de sport, compilant les lignes directrices fondées sur des données probantes et visant à garantir une bonne qualité de vie aux athlètes équins. L’objectif est également de communiquer davantage pour montrer au public comment la filière sport prend en charge, sur une base scientifique, la vie du cheval athlète… même après sa carrière sportive. Des outils de sensibilisation comme cette charte, un engagement proactif de tous les acteurs, combinés à des recherches ciblées sur le bien-être des chevaux de sport, permettront de renforcer l’idée que la filière est en mesure de répondre aux besoins physiques et psychologiques de ses athlètes équins. Il en va de l’existence même de l’équitation !

Au-delà de ces objectifs, une telle approche de collecte d’informations et d’enquête sur les pratiques, validées scientifiquement ou non, permettra de prendre en compte le degré de gestion du cheval athlète selon les disciplines, les races, les élevages et surtout la culture équestre de chaque pays. Le rapport souligne tout de même des obstacles à la mise en place des préconisations dans la gestion des chevaux de sport, la filière étant très hétérogène à l’échelle internationale. Aussi, il est important à l’avenir d’affiner la définition de la notion de bien-être des équidés, car des décalages sont apparus dans la manière dont les experts appréhendent son évaluation suivant le contexte. Par exemple, le cheval athlète peut connaître, comme l’athlète humain, des périodes passagères mais récurrentes de détresse physiologique ou psychologique, en plus d’être exposé au risque de blessure plus ou moins grave. « En gardant cela à l’esprit, il peut être prudent d’évaluer la qualité de vie des chevaux de sport comme un continuum plutôt que de s’engager dans des évaluations épisodiques du bien-être qui ne prennent pas en compte l’ensemble des activités, des comportements et des environnements que rencontre le cheval de sport. »

 

 

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