Une étude a dressé un panorama des défis auxquels sont confrontés les vétérinaires équins allemands, suisses et autrichiens face aux attentes élevées des détenteurs de chevaux de compétition. Elle met en évidence la nécessité de clarifier la formulation du règlement FEI concernant l’évaluation de l’aptitude d’un cheval à concourir, afin de réduire la pression exercée sur les praticiens et les divergences d’interprétation sur les terrains de concours.
La prise de décision en matière de soins peut se révéler difficile, car les objectifs, donc les priorités, peuvent différer entre le propriétaire, le cavalier, l’entraîneur ou le vétérinaire, compliquant ainsi la prise en charge du cheval athlète. À l’aide d’un questionnaire, l’étude a montré qu’une majorité de vétérinaires équins allemands, autrichiens et suisses, parmi les 172 interrogés, s’accordent sur le fait que les propriétaires de chevaux de compétition ont des attentes bien plus élevées que ceux de chevaux de loisirs en matière de traitements médicaux, et que la réputation du vétérinaire est davantage prise en compte. Les objectifs sportifs sont ainsi intimement liés à la prise de décision concernant les soins vétérinaires.
Il apparaît que les propriétaires de chevaux de compétition semblent avoir conscience que seul un animal médicalement bien soigné peut réussir en compétition… comme tout athlète de haut niveau. Ils ont aussi une meilleure compréhension du diagnostic et/ou du traitement nécessaire et sont mieux informés sur les options thérapeutiques disponibles. Cependant, l’étude met également l’accent sur le fait que les propriétaires de chevaux de compétition communiquent plus souvent entre eux au sujet des décisions vétérinaires (avec des conséquences directes, dans 40 % dans des cas, sur le choix de leur vétérinaire), s’adressent plus souvent au vétérinaire avec une idée précise du traitement à mettre en place et ont des exigences à l’égard des soins médicaux fournis. Plus surprenant, l’étude révèle que cette clientèle beaucoup plus exigeante semble aussi davantage prendre en compte le bien-être animal. Ainsi, les niveaux élevés de performance exigés des chevaux de compétition par leurs propriétaires n’excluent pas nécessairement l’attachement émotionnel envers leur animal.
Dans le même temps, les praticiens sont mis sur la sellette et subissent un niveau de stress élevé lorsqu’ils doivent se prononcer sur l’aptitude d’un cheval à participer ou non à une compétition. Dans le contexte d’un concours de dressage par exemple, plus de la moitié des vétérinaires interrogés s’opposeraient au départ du cheval présentant une légère boiterie, même si deux confrères avaient estimé que l’animal était « apte à concourir ». Seuls 18 % ont indiqué être d’accord avec l’avis de leurs confrères, considérant qu’une faible boiterie n’est pas un facteur invalidant pour un cheval athlète. Deux positions qui cohabitent et qui rendent l’intervention du vétérinaire équin délicate et stressante. Ses décisions, si elles sont mal accueillies, peuvent nuire rapidement à sa réputation.
Cette différence de jugement ou d’appréciation observée chez les vétérinaires suggère qu’il existe une inadéquation dans la manière dont ils interprètent l’exigence réglementaire « d’aptitude à la compétition », ce qui peut conduire à d’éventuels désaccords ou conflits. Tous ne considèrent pas de la même façon l’impact d’une légère boiterie sur la santé, la performance et le bien-être du cheval faute de références scientifiques et médicales claires.
Les auteurs de l’étude proposent alors que l’aptitude d’un équidé à participer à une compétition soit mieux définie, clarifiée, voire normée, pour aboutir à une meilleure uniformisation des décisions. Cela permettrait non seulement une meilleure compréhension entre vétérinaire et propriétaires, mais également entre praticiens ! Une situation moins anodine qu’on ne le pense, les courses et les sports équestres étant de plus en plus dans l’œil du cyclone médiatique et associatif, voire sociétal.